Les antisèches...

Comment faire pour construire et formaliser son projet de cabinet gratuitement

Décidemment, les bonnes nouvelles s’enchainent en ce moment ! La période fiscale est terminée, les IR et les IFI sont derrière nous, le beau temps est là, le rosé est au frais et les vacances approchent. En d’autres termes, toutes les conditions sont réunies pour se poser un moment, prendre du recul (voire un peu de hauteur). Bref, c’est le moment idéal pour travailler sur sa stratégie et son projet de cabinet.
Bien sûr, pour construire et formaliser votre projet, vous pouvez faire un copier-coller d’un projet trouvé sur internet ou même demander à ChatGPT de vous en concocter un aux petits oignons en quelques secondes. Seulement, un projet est personnel. Il doit correspondre parfaitement au cabinet, à son histoire, à sa culture, à ses associés… Difficile d’imaginer que ChatGPT sera capable de construire VOTRE projet et pas celui du voisin.
Vous pouvez bien sûr faire appel à un consultant pour vous aider (on en connaît des très bien) mais vous pouvez aussi vous en passer. A la méthode du do it yourself, on vous dit tout pour y arriver tout seuls, en vous appuyant sur un outil gratuit développé par le CNOEC.
Comme d’habitude dans les antisèches, pas de grands discours, juste une méthode simple et des trucs concrets et faciles à mettre en œuvre dans les cabinets normaux. Donc, pas besoin de vous inscrire en catastrophe à un MBA d’HEC sur la stratégie d’entreprise, y’a juste à suivre le guide et à vous libérer un peu de temps.
Pourquoi est-il (vraiment) indispensable de travailler sur sa stratégie et son projet de cabinet ?
Entre nous, jusqu’à une époque récente, on pouvait se passer d’un projet de cabinet. Tous les cabinets faisaient la même chose : de la compta, des liasses, des paies et des AG. Seuls les cabinets qui voulaient sortir de cette activité avaient besoin de travailler leur stratégie et leur offre. Aujourd'hui, c’est « un peu » différent.
Les raisons ne manquent pas, mais s’il fallait n’en retenir qu’une, elle tiendrait en deux mots : facture électronique ! Son entrée en vigueur approche à grands pas (plus qu’une période fiscale et nous y sommes !) et ça va profondément chambouler l’organisation des cabinets et, par ricochet, leur modèle.
En automatisant une part importante des tâches de production aujourd’hui prises en charge par des collaborateurs, elle aura un impact direct sur les honoraires et sur le taux d’occupation des équipes ; avec, à la clé, des conséquences en cascades sur le modèle de revenus, les missions, l’organisation des missions, les compétences, etc.
La facture électronique constitue donc une véritable rupture pour la profession (un « game changer », comme on dit sur LinkedIn), mais ce n’est pas la seule mutation en cours. Parmi les autres, citons notamment :
- La complexification du paysage concurrentiel, avec l’invasion des plateformes, des fintechs, des néobanques, etc.
- L’explosion de l’intelligence artificielle, qui accentue le risque de profession à deux vitesses.
- L’évolution des attentes des clients, qui entendent bien obtenir plus d’accompagnement de leur cabinet.
- L’évolution des attentes et des comportements des collaborateurs, qui impose aux cabinets de faire évoluer leur modèle.
- La financiarisation de la profession, avec des annonces hebdomadaires d’entrée d’investisseurs au capital de cabinets.
Pour toutes ces raisons, les cabinets n’ont clairement plus le choix, ils doivent définir une stratégie et formaliser un projet d’entreprise. Certes, mais reste « juste » un détail : comment faire ?
La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas si compliqué que cela en a l’air. La mauvaise, c’est qu’il n’y a pas de secret, il faut y consacrer un peu de temps.
Mais il y a aussi une deuxième bonne nouvelle. Il existe un outil gratuit qui peut vous aider (on n’a pas dit faire à votre place, hein ?) et vous faire gagner beaucoup de temps pour formaliser votre projet de cabinet. On vous dit tout !
Concrètement, que faut-il faire ?
Le projet de cabinet doit permettre de répondre à plusieurs types de questions : d’où venons-nous et où sommes-nous aujourd’hui ? Où voulons-nous aller et ne pas aller ? Quels sont nos principaux défis à relever ? Quels objectifs nous fixons-nous ? Comment allons-nous y arriver ? Comment atteindre nos objectifs ? Avec quelles ressources ? Etc.
Toutes ces questions trouveront leurs réponses en suivant une méthodologie.
Analyser l’environnement et réaliser le diagnostic du cabinet
L’analyse de l’environnement (le « diagnostic externe »)
Pour prendre de bonnes décisions et définir une stratégie cohérente, il faut avoir une vision la plus claire possible de tout ce qui est susceptible d’avoir un impact (positif ou négatif) sur le cabinet. L’analyse de l’environnement doit permettre de comprendre le paysage dans lequel le cabinet devrait évoluer au cours des prochaines années. En pratique, ce qu’il faut surtout analyser dans le cadre de cette analyse, ce sont les évolutions technologiques et concurrentielles et leurs impacts. Bien sûr, si on veut faire les choses bien, c’est pas mal de s’intéresser aussi aux évolutions réglementaires, économiques, sociétales...
Concrètement, on fait comment ?
- On s’organise pour travailler à plusieurs : avec son/ses associé(s), avec des collaborateurs du cabinet, avec des confrères, etc. Cela permet en effet de multiplier les points de vue et les idées et d’enrichir la réflexion.
- On réalise une veille sur l’environnement de la profession grâce aux multiples sources gratuites qui existent : publications des instances et des partenaires de la profession (études, articles, webinaires, replay des ateliers des congrès, etc.), presse professionnelle, think tanks de la profession, etc. ChatGPT peut également vous aider dans cette phase de veille.
- On organise un atelier de travail avec l’équipe constituée afin d’échanger les points de vue sur les évolutions en cours. L’objectif est de lister les impacts, positifs ou négatifs, que ces évolutions auront sur NOTRE cabinet. Il ne s’agit pas de réfléchir ici sur les impacts sur la profession dans son ensemble, mais bien sur les impacts sur le cabinet. C’est pourquoi chaque cabinet doit réaliser ce travail. En effet, les menaces des uns ne sont pas forcément celles des autres…
- On formalise la liste des menaces et opportunités pour notre cabinet. Chaque menace et chaque opportunité devra être classée selon trois critères : la probabilité qu’elle se réalise, le niveau d’impact sur le cabinet et la difficulté de la contrer (pour les menaces) ou d’en profiter (pour les opportunités). Ce travail permettra de prioriser les actions dans un second temps et d’éviter de brûler des ressources sur des sujets qui n’en valent pas la peine.
Une petite astuce : durant cette phase de diagnostic, des pistes d’actions se profileront immanquablement. On note tout pour les phases suivantes. On verra ce qu’on en fait par la suite…
Le diagnostic du cabinet (le « diagnostic interne »)
Durant cette étape, il faut analyser toutes les dimensions du cabinet : profil du cabinet et de ses dirigeants, missions actuelles et potentiel d’évolution à court et moyen terme, clients, équipe, organisation et process de production, performance, management, pratiques commerciales, etc.
Concrètement on fait comment ?
On s’appuie sur la plateforme Cap 2030. C’est anonyme, gratuit et développé spécifiquement pour les dirigeants de cabinets. Bref, ce serait vraiment dommage de s’en priver…
- Rendez-vous sur la plateforme Cap 2030 pour y créer le compte du cabinet si ce n’est pas déjà fait (https://cap.professioncomptable2030.fr).
- Dans la partie « Diagnostic du cabinet », vous trouverez deux questionnaires : « Les missions de demain » et « Diagnostic à 360° du cabinet ».
- Dans chacun de ces modules, répondez aux questions qui vous sont posées. Naturellement, pour obtenir un rapport de diagnostic le plus pertinent possible, vous devez répondre en fonction de ce qu'est votre cabinet aujourd'hui, pas en fonction de ce que vous aimeriez qu'il soit !
- Une fois que vous avez répondu à ces questionnaires, vous pourrez récupérer deux rapports de diagnostic dans la partie « livrables ». Ces rapports sont au format Word afin que vous puissiez le compléter/modifier facilement.
- Le rapport « Les missions de demain » vous permettra de positionner votre cabinet par rapport aux missions de demain : en termes de stratégie, de clients, de compétences et d’organisation.
- Le rapport « Diagnostic à 360° du cabinet » vous fournira quant à lui une synthèse des forces et faiblesses de votre cabinet.
Une petite précision, le diagnostic du cabinet n’est pas un exercice facile. Il faut du temps, de l’implication, du recul et de l’objectivité… Pour y arriver, il ne faut pas hésiter à impliquer des membres de l’équipe pour avoir plusieurs regards.
Travailler sur les projets personnels des associés et déterminer les grands axes stratégiques
Une fois que l’on a une vision claire de l’environnement et des forces et faiblesses du cabinet, il est temps pour chaque associé de s’interroger sur ses envies, son projet personnel : qu’est-ce que j’ai envie de faire ? Qu’est-ce que je n’ai plus envie de faire ? Quelles missions ? Quel degré d’implication ? Quel niveau de rémunération ? Etc. Un petit questionnaire dans lequel chaque associé répond aux mêmes questions est amplement suffisant. Pas la peine de créer une usine à gaz…
Une fois les associés au clair, individuellement, sur leurs projets, il est temps de définir les grands axes stratégiques du cabinet. L’objectif étant de répondre à la question : où voulons-nous être ensemble dans 3 à 5 ans ? Parmi les grands axes stratégiques possibles, citons notamment : le type de missions que l’on veut développer, la taille que l’on ambitionne à un horizon de 3 à 5 ans, le type de gouvernance que l’on souhaite mettre en place, etc.
Concrètement on fait comment ?
On s’appuie une nouvelle fois sur la plateforme Cap 2030, qui a été conçue pour accompagner les cabinets également dans cette étape :
- Dans la partie « Projet de cabinet », rendez-vous dans le module : « Axes stratégiques » pour déterminer les grands axes stratégiques de votre projet. Pour chaque axe proposé, vous devrez renseigner où en est votre cabinet aujourd’hui et où vous souhaitez qu’il soit à horizon 3-5 ans.
- Une fois que vous aurez répondu à ces questions, vous récupérerez dans les livrables une analyse de proximité de votre projet avec votre situation actuelle, en détaillant les implications concrètes de votre projet sur le modèle de votre cabinet.
- Vous pourrez alors modifier et/ou valider vos axes stratégiques avant de passer à l’étape suivante.
Cette étape n’est pas non plus évidente car elle consiste à faire des choix (et à s’y tenir). En effet, faire de la stratégie, c’est faire des choix ! Autrement dit, c’est renoncer à certaines choses : à certaines misions, à certains clients, à certaines opportunités de croissance externe...
Décliner les axes stratégiques en chantiers prioritaires et formaliser un plan d’actions
La meilleure stratégie du monde ne sert à rien si elle n’est pas mise en œuvre. Or, comme le disait Napoléon, « dans la stratégie, tout est dans l’application ». Les grands axes déterminés précédemment doivent être déclinés en chantiers prioritaires. Par exemple, pour développer le type de mission que l’on a choisi, les chantiers pourraient être : identifier les nouvelles missions, définir ces missions, articuler ces missions avec les missions traditionnelles, adapter les compétences, marketer les missions, communiquer sur les missions, etc.
Cette phase est indispensable pour préparer le plan d’actions, un plan d’actions sans lequel le projet a toutes les chances de rester dans les cartons. Pour réaliser ce plan d’actions, il faut descendre encore d’un cran, en déclinant les chantiers prioritaires en tâches. Par exemple, le chantier « définir les nouvelles missions » pourra comporter les tâches suivantes : « définir les process de chaque mission (quelles sont les tâches successives pour réaliser la mission ?), formaliser les process de production des nouvelles missions et leur imbrication dans le process des missions actuelles, identifier les outils nécessaires pour réaliser chaque mission, définir les intervenants, leur rôle dans la mission (qui fait quoi ?), définir les temps nécessaires pour réaliser les différentes tâches de chaque mission, proposer la mission à quelques clients proches pour la tester, ajuster les process, les outils, les supports, les méthodes après les retours des clients tests, communiquer auprès des clients cibles de la mission, etc.
Cette déclinaison des chantiers en tâches vous sera d’une grande aide pour prioriser les actions à réaliser, pour affecter ces tâches à un ou plusieurs membres de l’équipe, pour définir un budget temps pour chaque tâche et, last but not least, pour suivre l’avancement du projet.
L’objectif est d’avoir une granularité suffisamment fine pour observer rapidement les avancées du projet, mais aussi pour être en mesure d’y impliquer un maximum de personnes. Pour chaque tâche, on devra déterminer « qui fait quoi pour quand et avec quelles ressources ».
Concrètement on fait comment ?
On s’appuie une nouvelle fois sur la plateforme Cap 2030 (une vraie pépite on vous dit !) :
- Vous y trouverez des suggestions de chantiers pour votre projet, compte tenu des axes stratégiques que vous avez choisis et des éléments de diagnostic renseignés.
- Les chantiers préconisés sont pré-cochés. Vous pourrez naturellement les décocher s’ils ne vous paraissent pas pertinents et/ou en cocher d’autres qui vous semblent importants.
- Une fois vos chantiers sélectionnés, rendez-vous dans le module : « Plan d’actions ».
- Chaque chantier sélectionné lors de l’étape précédente sera automatiquement décliné en actions par l’outil.
- Vous pourrez cochez ces actions (ou non), leur attribuer une date d’échéance et les affecter à une personne du cabinet.
- Une fois votre plan d’actions terminé, vous pourrez le télécharger au format Excel afin de le compléter/modifier et, surtout, de le suivre dans le temps.
A la fin de cette étape, vous aurez un plan d’actions pour mettre en œuvre le projet que vous avez défini. Vous serez alors prêt à vous lancer.
Bref, vous l’avez compris, Cap 2030 a toute sa place dans votre barre des favoris de votre navigateur préféré. Pour accéder à cet outil, une seule adresse : https://cap.professioncomptable2030.fr/. Rappelons par ailleurs que Cap 2030 pourra également vous accompagner dans deux des grands chantiers qui attendent les cabinets dans les mois/années à venir : le développement de nouvelles missions et l’adaptation des compétences de l’équipe.
Ce qu’il ne faut surtout pas faire
- Travailler sur la stratégie et sur le projet entre deux bilans, quand on a un peu le temps, quand on n’a rien d’autre à faire. Même avec Cap 2030, cette réflexion nécessite de se libérer des plages de temps durant lesquelles on ne fait que ça, durant lesquelles on n’est pas dérangé toutes les 5 minutes. C’est pourquoi la période estivale est certainement le bon moment pour s’y mettre…
- Elaborer la stratégie et le projet du cabinet tout seul dans son coin. Bien sûr, la définition des axes stratégiques est la prérogative des associés. Mais cela ne doit pas empêcher d’intégrer certains membres de l’équipe à la réflexion. Une consœur nous a dit un jour dans le cadre d’une formation « seule, j’ai toujours raison ». Et c’est vrai que l’on réfléchit mieux et qu’on a plus d’idées à plusieurs.
- Ne pas impliquer les équipes dans la mise en œuvre du projet. Le succès d’un projet de cabinet repose en grande partie sur l’implication des collaborateurs. Ce sont en effet eux qui, au quotidien, mettront en œuvre (ou pas…) les actions décidées par les associés. Cette implication peut passer par des ateliers collaboratifs, des échanges réguliers ou encore par la construction collective de certaines étapes du projet.
- Ne pas suivre de près le projet une fois lancé. Sans plan d’actions il ne se passera rien, c’est vrai, mais cela ne veut pas dire que tout va dérouler comme prévu. Certains chantiers vont avancer plus vite et mieux que d’autres, certains vont devoir être adaptés, réorganisés, voire reportés… Bref, le pilotage du projet est un élément clé de sa réussite. Et ça, c’est le travail des associés !
- Ne pas communiquer sur les avancées du projet. Si les équipes entendent parler du projet une fois par an pendant la journée annuelle du cabinet, entre les croissants du matin et l’apéro du midi, il restera une chose abstraite et bien éloignée de leur quotidien. C’est pourquoi il est important de communiquer régulièrement sur le projet : sur les avancées (ça fait toujours du bien de voir que les efforts payent), sur les retards, sur les difficultés rencontrées par les uns et les autres…
Pour conclure
Jusqu’à une époque récente, les experts-comptables n’avaient pas trop besoin de définir une stratégie et un projet de cabinet : la concurrence était stable et connue, les technologies évoluaient de façon graduelle et limitée, les besoins des clients étaient relativement homogènes, les substituts étaient quasi-inexistants, etc.
Aujourd’hui, compte tenu des mutations en cours, cette réflexion devient indispensable : quelles missions demain à l’heure de la facture électronique ? Avec quelles compétences ? Pour quels clients ? Quelle place sur la chaine de valeur ? Quelles relations avec les éditeurs ? Etc. Autant de questions auxquelles les cabinets vont devoir trouver LEURS réponses, notamment en s’aidant de Cap 2030.
Petite précision, Cap 2030 vous sera d’une aide précieuse dans la définition et la structuration de votre projet de cabinet, mais ce n’est pas un outil magique (en fait, en stratégie comme ailleurs, les outils magiques, ça n’existe pas…) ! Cap 2030 vous fera gagner du temps et vous permettra de cadrer votre réflexion, mais il ne fera pas votre projet à votre place.
Vous êtes prêt à vous lancer, mais vous ne savez pas trop comment faire ? Vous aimeriez suivre un séminaire ou être accompagné sur ce sujet ou sur d’autres ? Rien de plus facile, laissez-nous un message, nous trouverons ensemble une solution adaptée à votre besoin et à vos spécificités.
L’équipe b-ready
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